Les perspectives des échanges entre l’Union économique eurasiatique et les pays africains examinées au Forum

Le 27 juillet, dans le cadre du programme d’affaires du Forum économique et humanitaire Russie-Afrique et du bloc « Économie du nouveau monde » a eu lieu la discussion plénière « UEEA-Afrique : perspectives de coopération ». Parmi les intervenants et les experts figuraient Sergueï Glaziev, membre du Collège (Ministre) de l’intégration et de la macroéconomie de la Commission économique eurasiatique, Alexandre Chokhine, président de l’Union des industriels et des entrepreneurs de Russie, Steve Patrick Lalande, directeur de la gestion des partenariats et de la mobilisation des ressources de la Commission de l’Union africaine. Le débat était animé par Oleg Ozerov, ambassadeur spécial du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, chef du secrétariat du forum du partenariat Russie-Afrique.

En ouvrant la discussion, Oleg Ozerov a déclaré : « Nous avons commencé à travailler sur l’unification des structures d’intégration de la Russie et de l’espace eurasiatique et de l’Afrique lors du premier sommet de Sotchi en 2019, et alors le premier document important de l’Union eurasiatique et de l’Union africaine a été signé, en l’occurrence un Mémorandum d’accord dans le domaine de la coopération économique, et c’est devenu un nouveau chapitre dans la coopération entre l’UEE et l’Union africaine. La longue période de pandémie a causé beaucoup de difficultés, mais même dans ces conditions difficiles, le dialogue entre l’UEE et l’Afrique a pu progresser considérablement, et l’Union économique eurasiatique a récemment intensifié sa coopération avec un certain nombre d’États africains. Le dialogue avec l’Égypte, avec laquelle des négociations intensives sont en cours sur la création d’une zone de libre-échange, a particulièrement avancé et la zone de libre-échange continentale africaine a été lancée pendant la pandémie. C’est un processus qui prend du temps, qui est à plusieurs niveaux, car il y a des négociations, la ratification de ces accords par les parlements nationaux, mais la masse nécessaire a été accumulée et la zone de libre-échange continentale a été lancée depuis l’année dernière et commence à prendre de l’ampleur. L’intérêt pour le dialogue avec l’UEE a été identifié par les organisations sous-régionales du continent africain ».

Les intervenants conviennent qu’aujourd’hui, dans la coopération commerciale et économique entre les pays eurasiatiques et les pays africains, il est nécessaire de profiter largement des opportunités de contacts bilatéraux entre États, mais aussi du potentiel des organisations économiques régionales.

Ainsi, Dmitri Volvatch, vice-ministre du Développement économique de la Fédération de Russie, a déclaré : « L’Union économique eurasiatique est un élément essentiel de la structure macrorégionale émergente du monde. Nous sommes intéressés par le renforcement de la coopération économique multilatérale avec les pays de la région africaine. Une caractéristique naturelle de la structure en développement des relations internationales est la coopération mutuellement bénéfique entre les macrorégions, et nous considérons les pays du continent africain comme des partenaires fiables pour un dialogue équitable, et surtout, des partenaires avec lesquels le potentiel de travail non seulement n’est pas épuisé, mais, à mon avis, n’est pas encore complètement mis en valeur. Aujourd’hui, notre objectif principal est d’identifier le potentiel inexploité de la coopération commerciale et économique, d’élaborer des mécanismes pour sa mise en œuvre et, le cas échéant, d’institutionnaliser la coopération dans le cadre de nos associations d’intégration. Pour ce faire, nous avons à la fois l’expérience, les compétences et les mécanismes de mise en œuvre développés. »

Les domaines de coopération prioritaires entre l’UEE et les partenaires africains sont l’infrastructure et l’agriculture, le commerce, les investissements et le développement de l’entreprenariat, l’intégration économique régionale.

Sergueï Glaziev a souligné que l’Afrique était très intéressée par la coopération avec l’UEE : « En travaillant sur le mémorandum de coopération nous avons identifié les secteurs prioritaires de notre travail à mener en commun. C’est l’agriculture et les infrastructures avant tout, le commerce, les investissements, le développement de l’entreprenariat. Le travail de fond principal, l’échange des meilleures pratiques d’intégration. – serait intéressant avant tout dans le domaine le plus sensible pour nous de l’interaction avec le continent Africain – c’est-à-dire la réglementation technique. Le problème douanier et tarifaire n’est pas si urgent car presque tous les pays africains bénéficient de préférences et les barrières douanières sont presque nulles pour les produits africains. En revanche les barrières sanitaires, phytosanitaires et l’incompréhension de la façon dont nous avons organisé la réglementation de l’accès au marché alimentaire russe ; c’est là, je pense, qu’il est nécessaire de travailler sérieusement», a déclaré Sergueï Glaziev.

Marie-Thérèse Ngakono, commissaire à la planification régionale et à l’infrastructure de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) : « Il est très important de partager les expériences et d’échanger les meilleures pratiques, en particulier avec la Commission eurasiatique. Il est important d’exploiter le potentiel qui existe en Afrique centrale. Nous avons une quantité considérable de forêts, d’énergies renouvelables, de terres fertiles. Nous pouvons être totalement autonomes sur le plan de la sécurité alimentaire, mais nous avons besoin de partenaires pour réaliser pleinement ce potentiel. »

Steve Patrick Lalande, directeur de la gestion des partenariats et de la mobilisation des ressources de la commission de l’Union africaine, a quant à lui confirmé que la coopération avec l’UEE était intéressante pour les pays du continent africain. « L’UEE et l’Afrique, avec des marchés si différents et si grands, offrent de grandes opportunités de croissance économique qui peuvent changer le paysage économique mondial et régional. L’UEE et l’Afrique ont un potentiel considérable pour créer des possibilités d’harmonisation des conditions d’échanges commerciaux : elles deviendront plus justes et créeront un nouvel ordre qui respectera la souveraineté et les valeurs communes et qui sera mutuellement bénéfique », a-t-il déclaré.

Alexandre Chokhine, président de l’Union des industriels et des entrepreneurs de Russie (RSPP), a dans son discours mis l’accent sur les statistiques : « Le volume des échanges entre la Russie et l’Afrique est estimé par la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement de la CNUCED à 26 milliards dont 23 pour les exportations de l’UEE, 3 pour les importations. Le déséquilibre est manifeste. C’est un indicateur que nous avons encore plus de réserves non seulement pour équilibrer la coopération bilatérale, mais aussi pour augmenter l’intensité des échanges. » Alexandre Chokhine a indiqué que le RSPP avait calculé l’indice d’intensité du commerce. Pour les exportations de l’espace eurasiatique vers l’Afrique, il est de 1,13, et pour les exportations africaines vers l’UEE, il n’est que de 0,27. « Si nous utilisions tout le potentiel actuel du commerce, on estime que le volume des exportations africaines vers l’UEE pourrait atteindre 11 milliards de roubles, c’est-à-dire qu’il pourrait être multiplié par près de 4. La logistique (les navires vont en Afrique chargés et reviennent à vide) augmente les coûts de transaction et ne permet pas d’utiliser tout le potentiel. Nos entreprises s’efforcent de faire en sorte que la coopération avec les partenaires africains soit mutuellement bénéfique », a-t-il déclaré.

L’organisateur du Deuxième sommet et Forum économique et humanitaire Russie-Afrique est la Fondation Roscongress. 

 

Site de l’événement : https://summitafrica.ru/

« Nous apprécions au plus haut point le travail que nous avons fait ensemble au Sommet. Je suis convaincu que les résultats obtenus constituent une bonne base pour continuer à renforcer le partenariat Russie-Afrique dans l’intérêt de la prospérité et du bien-être de nos peuples. »

Vladimir Poutine,
Président de la Fédération de Russie

Le Sommet Russie-Afrique qui aura lieu à Sotchi du 23 au 24 octobre 2019 incarne les liens d'amitié séculaires entre le continent africain et la Fédération de Russie. Ce Sommet, unique en son genre, revêt une importance particulière pendant cette période de transformations à l'échelle mondiale et internationale. En réponse aux aspirations de nos peuples, son objectif primordial est l'élaboration d'un cadre intégré pour faire avancer les relations russo-africaines vers une coopération plus large dans divers domaines.

Les pays d'Afrique et la Russie partagent une vision similaire de l'action internationale, une action fondée sur le respect du droit international, de l'égalité, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, du règlement pacifique des différends et de l'engagement aux mesures multilatérales face aux nouveaux défis internationaux. Nos pays visent à assurer la sécurité, la paix et le développement du continent africain et de la Russie, ainsi nous condamnons le terrorisme et l'extrémisme sous toutes leurs formes. Nous réaffirmons notre conviction qu'il est important de promouvoir des échanges commerciaux et des investissements mutuels afin d'éviter tout ralentissement de la croissance économique.

Les pays d'Afrique possèdent un potentiel important et des capacités qui leur permettront, à terme, de joindre les rangs des puissances économiques en développement. Ces dernières années, les pays africains ont fait de grands progrès face aux défis politiques, économiques, sociaux et gestionnaires. Au cours de la dernière décennie, la croissance économique de l'Afrique s'est accélérée, le taux de 3,55 % a été atteint en 2018.

En juillet 2019, en poursuivant les efforts des pays africains, la ratification de l'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine et le lancement de sa phase opérationnelle ont été effectués à l'occasion d'un sommet extraordinaire de la Commission de l’Union africaine au Niger. Cet accord est un des objectifs principaux de l'Agenda 2063 qui vise à répondre aux attentes de prospérité et de dignité du peuple africain.

Ces succès ouvrent la voie à la collaboration entre les pays d'Afrique et la Fédération de Russie et montrent un véritable engagement politique des gouvernements et des peuples africains prêts à établir des partenariats mutuellement bénéfiques.

Nous espérons que le Sommet Russie-Afrique contribuera à la promotion de relations stratégiques constructives basées sur la coopération multilatérale. Nous souhaitons que ce partenariat réponde aux espoirs et aux aspirations des peuples africains et du peuple russe ami.

Président de la République arabe d'Égypte
Abdel Fattah AL-SISSI